Trust, Fête du Cognac, samedi 29 juillet, an de disgrâce 2017 !
(PS: Je m'excuse par avance pour les très grosses imprécisions concernant la set-list)
La fête du Cognac, Késako, que vous allez tous me demander en choeur, curieux que vous êtes, et vous aurez bien raison. J'en vois même parmi vous qui murmurent « Il y a tellement de festivals de metal en France, maintenant qu'on y perd son latin. On en chie presque un tous les matins, alors impossible de tous les connaître »
Oui, sauf que la fête du Cognac, ce n'est pas du tout un festival de metal, ni de Hard Rock, plutôt tout le contraire à la base. Ce festival, d'une durée de 3 jours, n'a, à la base, pour d'autre but que de mettre en valeur les producteurs de Cognac et de Pineau des Charentes (miammmm!) tout en mettant en valeur leurs produits en questions. Ce joli festival, qui fêtait ses 20 ans cette année, a mué avec le temps, en grandissant.
Il faut savoir que, pendant 15 ans, l'entrée était à 3 ou 4 € par personne, entrée que l'on achetait directement sur place, et on pouvait juste rentrer sur le site manger un morceau, boire un (ou plusieurs) cognac-schweepes ou enquiller des verres de pineau avec des amis, puis rentrer chez soi avant même que les artistes entrent en scène en deuxième partie de soirée.
Mais voilà, les artistes jouaient souvent devant une foule plus que clairsemée, alors récemment, la formule a changé. L'entrée est récemment passé à 15 €, mais surtout maintenant, il est impossible de rentrer sur le site pour quiconque ne possède pas de billets pour les groupes y jouant.
Parlons-en des groupes en question. Pendant 20 ans, les organisateurs ont mis en avant l'éclectisme musicale de la programmation : Comprendre 80% de trucs pop-rock, variétoche, rap (depuis quelques années), et quelques groupes electro. Mais de groupes de rock, zéro ! Bref, tout cela ne me suffisait pas à avoir envie de mettre 15 boules pour voir des groupes que je déteste (surtout pour bibi qui ne plus boire d'alcool, aucun intérêt !)
Parmis quelques têtes d'affiches de ces dernières années de ce festoche, citons Catherine Ringer, The avener, Black M(erde), Gaëtan Roussel, jean-louis Bertignac et des trucs comme ça, voire même parfois des trucs encore plus pourris, j'vous jure, je sais pas comment ils faisaient, mais certaines années, ils y arrivaient, et ça c'est fort quand même !!!
Bref, tout cela suscitait chez moi un désintérêt royal et ce festival, je m'en battais les flancs de mon auguste verge, en gros, quoi...
Et là, cette année, quelle mouche a piqué les organisateurs ? Je n'en sais rien. Mais j'apprends (d'ailleurs très tardivement) que ce sont les légendaires Trust qui sont les têtes d'affiche cette année pour le 20ème anniversaire du festoche. Je réfléchis quelques jours, voire quelques semaines, puis je me décide à prendre un ticket (coup de bol, lorsque j'ai acheté ledit ticket, il ne restait plus que 91 places de dispo pour la soirée où jouait Trsut ! 91 places sur plus de 8000 à vendre par soir, bref, il était plus que temps de me bouger le derche, j'ai eu chaud !) En plus, il semblerait que l'affiche tout entière de ce troisième soir du festival soit 100% placé sous le signe du rock.
Juste après avoir acheté mon billet, je demande à un de mes cousins qui habite à 30 bornes et dont je sais que, sans être métalleux pur souche, il est fan de quelques groupes de Hard (Aerosmith, AC/DC) et un ou deux de metal (Dream Theater), si ça lui tente de se joindre à moi pour voir Trust. Il me répond qu'il est fan de Nono (c'est un guitariste mon cousin !) et que ça le branche carrément de voir Trust en concert.
Et nous voici quelques jours plus tard arrivant comme des rois à l'entrée du festival.
D'emblée, l'évidence s'impose, il y a un monde fou. Il faut savoir que ce festoche a lieu dans la rue principale du port de Cognac, une rue d'une bonne centaine de mètres de longueur, avec la scène installée pile au milieu de la rue, sur la jetée du port.
Etant en retard de 5 ou 10 minutes, et comme on entend un son de gratte très énervé, on joue des épaules pour aller direct devant la scène (il n'y en a qu'une) où le concert des rockeurs locaux (venant de Saintes) Lysitrata a déjà commencé. Les jeunots, au look de lycéen, envoient direct du bois en jouant un rock très fun, bien exécuté, et surtout très très très énérvé. Et vas-y qu'on hurle dans les micros tous les trois à tour de bras, et vas-y que le bassiste se roule par terre pendant que le guitariste aide la batteur à marteler les cymbales de sa batterie tout en hurlant, entre deux montagnes de riffs et de solis de gratte qui déferlent à tout va et semblent ne jamais vouloir s'arrêter.
A part certaines accalmies, l'ensemble du concert était frais, fun, et surtout très très rock, et passablement énervé, avec pas mal de riffs accrocheurs. Les petits gars ont envoyé le steak, jouaient juste, et, avec peu de moyens, ont réussi à avoir une franche ovation devant mille ou 2000 personnes déjà aimantées devant la scène par la violence de leur rock et le culot de ces jeunôts, déjà des bêtes de scène. Une bonne entrée en perpsective.
Nous allons avec mon cousin se rincer la glotte parce qu'il fait déjà chaud ce soir-là. Nous jouons des coudes pour revenir devant la scène au moment où le groupe « No Face » fait son entrée sur scène. No face est un groupe très récemment crée et composé d'anciens membres du groupe de Rock « Skip the use ».
Tous les musiciens font leur entrée avec une cagoule noire sur le visage barrée d'une croix blanche, et ne quitteront jamais lesdites cagoules. Ils doivent avoir une chaleur de bête là-dessous et je ne sais pas très bien ce qu'ils doivent voir, mais bon, c'est leur concept. Seule la chanteuse, une grande black qui a la pêche, n'a pas de masque.
En live, la musique de No Face est clairement très très Rock, certaines intros avec gros riffs ou outros de chansons avec final assez heavy me faisaient souvent même carrément penser à du Hard rock en live. Bon, certains titres sont un peu moins rock et un peu plus soul, mais dans l'ensemble, avec les riffs, la batterie qui cognait pas mal, et la chanteuse qui chantait et hurlait du mieux qu'elle le pouvait, le concert 100% rock est passé comme une lettre à la poste et ils ont beaucoup fait participer le public, les refrains étaient sympatoches (alors que sur disque, je suis sûr que cela m'aurait ennuyé), mais là, j'ai passé un moment correct. Mon cousin aussi ! Deux groupes qui ont bien réussi leur mission de chauffer la foule, en tout cas...
Le concert des No Face à peine terminé depuis une seconde, que plein de monde commence déjà à se bousculer tout autour de nous pour se placer pour Trust. En une minute, on se sentait déjà pressés par la foule comme des citrons dans un mixeur. Partout sur le site, les gens se plaçaient. On serait bien allé faire la vidange, mais on comprit très vite que, vu la densité de foule qui s'installait devant la scène, il serait impossible de revenir bien placé pour le concert, c'est-à-dire juste devant la scène, à quelques mètres seulement, alors on a souffert en silence et nous n'avons pas laissé filer notre place, idéalement placés que nous étions.
Trente minutes d'attente. Je regarde autour de moi, et je constate que les plus de 8000 de personnes sont installées, maintenant que tout le monde a fini de manger. La rue est bondée de monde, une rue d'une centaine de mètres de longueur, je le rappelle, une marée humaine de plus de 8000 personnes dont beaucoup sont trop loins de la scène (sur la droite et sur la gauche de la rue), et je comprends qu'ils ne verront le concert que sur les écrans géants, rien à voir avec un festoche « classique » où tout le monde est en face de la scène, même loin. L'excitation monte, le groupe s'apprête à jouer devant une foule conquise d'avance. Il faut dire que depuis un mois ou deux, les Trust enquillent les festivals devant beaucoup de monde, après des mois à faire des salles des fêtes, et c'est complet partout. Rien à dire, leur tournée, commencée timidement, devient un vrai triomphe.
Les lumières s'éteignent, Jacob et Diop entrent sur scène avec Bernie (traditionnellement coiffé de son bob, cette fois un bob à fleurs assorti à sa chemise, et le visage caché derrière d'énormes lunettes de soleil) qui commence à chantonner l'intro de « Ni Dieu ni maître ». Il est rejoint quelques secondes plus tard par Nono, le légendaire guitariste chevelu qui reçoit déjà une grosse ovation.
Ça commence bien, me dis-je quand je vois qu'ils enchainent ensuite avec « Marche ou crève », sur lequel je me défoule, comme pas mal de monde. Aura t-on droit à une set-list bien différente et bien meilleure que les autres concerts de la tournée ?
Mon enthousiasme (et celui de la foule) redescend d'un cran lorsque le groupe entame le troisième titre, que je n'ai pas reconnu, et qui a bien fait retomber l'ambiance qui commençait à monter, dommage.
L'ambiance remonte d'un cran avec le 4° titre, « Au nom de la race », et on est repartis comme en 40 dans le délire, on frôle presque le sans-faute, ce concert va être d'anthologie. Le public est alors chaud, ça crie, ça hurle dans tous les sens, et je me sens dans mes petites souliers.
Mais l'ambiance descend avec le titre suivant, « exterminateur », que le groupe présente comme un titre nouveau de leur futur album. Un titre pas mauvais, qui augure d'un futur bon album je pense, mais désespérement trop long, à tel point qu'il a fait descendre l'ambiance d'un cran, suivi d'un titre (trop long) que le groupe dédie à adama traoré.
Je dois dire que ce fut comme cela durant tout le concert : des pointes de fièvre, qui retombaient souvent dès le titre suivant, et cela est vraiment dommage, ils se punissent eux-mêmes en voulant jouer des titres des derniers albums qui ne sont pas les meilleurs, et qui plombent les concerts, alors qu'avec une set-list basé sur leurs trois premiers disques, ils feraient les concerts de l'année, que dis-je, du siècle ? Mais non, du coup, on alterne sans cesse le chaud et le froid. Mais le groupe a juste l'air content d'être là et ne semble se rendre compte de rien !
Bien sûr, Nono enquille les solis de gratte et les riffs de folie comme s'il faisait un simple échauffement, et le bonhomme est en grande forme et toujours aussi impressionnant, souriant et sympathique. Quant à Bernie, je dois reconnaître que Bernie est vocalement assez en place et chante/crie juste et fort, sans fausse note. En plus, le son est très bon ce soir, clair mais puissant, mettant bien en valeur le groupe !
Ledit groupe qui, après 8 mois de tournée dans des petites salles des fêtes, semble maintenant très bien rôdé et semble pouvoir jouer les yeux fermés. Il faut quand même dire que leur gamin de batteur, Christian Dupuy assure méchamment. Par contre, le guitariste rythmique, Iso Diop, plus statique, tu meurs. Le bassiste Christian Jacob est déjà plus volubile, même si on ne l'entend pas énormément.
Le groupe attaque maintenant « le temps efface tout », où une grande partie du public s'égosille à reprendre en choeur « C'est dégueulasse » sur le refrain, un moment sympa du concert.
Là, le groupe joue un titre qui fait encore retomber l'ambiance, un titre interminable, pas dégueu, mais joué à rallonges, sur lequel Nono dira ensuite qu'il s'agissait aussi d'un nouveau titre du futur album ("démocrassie") suivis de deux titres longs et moyens et qui m'ont paru chiants, mais c'est peut-être juste parce que je commençais à avoir un gros coup de barre après trois heures et demi debout non-stop. Mouais, passons vite, passons vite !
En fait, je viens sans le vouloir de parler d'un des défauts du concert, quasiment tous les titres (même ceux où cela ne s'imposait pas vraiment voire pas du tout) ont été joués à rallonge, dans des versions de 7/8 minutes, avec des breaks souvent longs, et forcément des passages un peu chiants, et c'est sûrement là où le bât blesse. Et pas qu'un peu, d'ailleurs... Des titres plus concis n'auraient pas desservis le concert, loin de là. Tant pis !
Bernie présente ensuite longuement le groupe et hurle, en voyant la foule à perte de vue, sur 50 mètres à sa droite et 50 mètres à sa gauche « Vous êtes partout !!! "
S'ensuit une longue version de « Chaude est la foule », un titre sympa mais longuet, suivi par « L'élite », qui a pas mal fait remuer les fans des premiers jours et bouger un peu le public.
Un truc marrant (et attendu), entre deux chansons, pendant tout le concert, il y avait des milliers de bourrins qui réclamaient Antisocial. On comprend que 90% des 8000 personnes et des brouettes que constituait le public ne sont venus que pour entendre ce titre. Par exemple, au début de l'intro de l'élite, il y a plein de mecs et de nanas autour de moi qui criaient « Antisocial ? C'est antisocial, là ? Non ? Si ? Antisociaaaaaallll ! On veut antisociaaaaal !!!»
Bref, c'est classique, mais c'est un peu le revers de la médaille pour le groupe, ça doit parfois être un peu chiant et lourd à porter.
Bref, après « l'élite », le groupe sort de scène, et 8000 personnes gueulent pour avoir un rappel, et surtout un titre précis. Je ne sais plus lequel !
Le groupe revient et lance un « Préfabriqués » martelé de derrière les fagots. Là, ça envoie du lourd, dans la dernière ligne droite, ils donnent tout.
Et on est déjà à la fin du concert, un dernier titre qui commence par « anti machin » dont je ne me rappelle jamais le nom !
Délire total et plus de 8000 personnes qui se mettent à beugler comme d'un seul homme sur les « oh oh » d'intro (et je n'étais d'ailleurs pas du genre à laisser ma part aux chiens). Puis toute la foule a chanté sur sur toute la chanson, d'ailleurs. Là, on est dans l'oeil du cyclone, et être au milieu d'une foule pareille qui gueule tout le long d'un titre aussi génial, c'est le frisson assuré.
Version anthologique rallongée du titre, comme à chaque fois, mais là, c'est plus que normal, où votre serviteur y a laissé ses dernières bribes de cordes vocales quelque part sur le port.
Les lumières se rallument après moins de deux heures de concert, le groupe est parti, sur une énième victoire, malgré des moments dans le concert alternant le très bon, le sympa, et le chiant (parfois).
Un chouette moment quand même de voir les sourires sur le visage de bon nombre de gens lorsque la foule s'est éloignée après le dernier titre. Je pense qu'on peut dire que, devant 8000 personnes, Trust a quand même pas mal assuré, même si les vrais die-hard du goupe attendaient encore plus de leurs titres cultes, et moi aussi (par exemple police-milice qu'ils ont pourtant joués assez souvent sur cette tournée, mais pas ici, il faut dire que ce n'était pas une salle des fêtes, et qu'il y avait des flics partout sur le site du festoche, je ne sais pas si cela a un rapport de cause à effet, mais c'est dommage), ou d'autres classiques, mais dans l'ensemble, j'ai bien apprécié le concert, et mon cousin aussi, qui est reparti plus fan de Nono que jamais !
Un petit détail amusant pour finir, Bernie nous a fait l'honneur de ne rien dire entre les titres, pas de longues leçons de morales politiques ou sociétales, rien !!! Il a juste commencé à dire une phrase sur les gens qui ont votés à l'envers à la dernière élection, et il s'est fait siffler, il n'a pas fini sa phrase, et n'a plus rien dit de tout le concert, à part des remerciements. Après tout, les gens viennent en concert pour la musique et pas pour entendre des discours, donc, je ne vais pas me plaindre de ça, même si je me doute bien que c'est une exception à la règle, et qu'on ne changera jamais le bonhomme. Quelque part, c'est tant mieux...
Bilan:
Un bon concert, bien joué par un groupe carré, très en forme, bien heavy quand il le faut, et maintenant bien en place avec le nouveau line-up !
Quelques titres qui ont affaiblis un peu le truc, ce qui est fort dommage !
Quelques photos :